ATTRACTION (PAR IAN PALLIER)

Attraction, c’est marrant le titre m’a de suite inspiré. 

Je m’attendais à ce que ça parle de handicap et j’imaginais : 

attractions, comme des montagnes russes desquelles tu descendra jamais de tout le reste de ta vie, moi ça me parle, puis, les rails de ces montagnes russes c’est magique, à chaque trajet elles ont déviées, changées d’inclinaison, les hauts, les bas, les plats, y’a plus rien au même endroit, c’est bien au moins on s’ennuie pas. 

Ou bien, si on parle de handicap, l’attraction ça peux être la personne en situation de handicap aussi. Je parle pas pour les autres, moi je me suis souvent senti comme une attraction .

 » Aaah vous avez ce handicap, et vous avez envie de quoi là ? Courir, crier, sauter partout, tout casser ? « , 

vous auriez vue la curiosité honnête dans ses yeux à ce moment là … C’était désarmant. Elle se rendait même pas compte.

Elle était pendue à mes lèvres dans l’attente d’une réponse. Puis y’a quand on parle de nous avec ces histoires larmoyantes, plus infantilisantes qu’autre chose. 

Si ça pourrait parler de se sentir comme une attraction, 

ça pourrait tout autant parler du contraire.  

Où c’est que moi ? Parce que quand je me sens pas comme une attraction , bien souvent je me sens juste, invisible. Dans les médias, dans les espaces publics c’est comme si j’existais pas, y’a quelques pictogrammes et panneaux avec des images rapport au handicap, et encore les miens sont même pas représentés. Du coup je passe mon temps à expliquer, expliquer, expliquer pour qu’on me laisse la place dans le tram ou en caisse ou qu’on me laisse respirer deux petites secondes, ralentir pour aller à mon rythme et pas à la vitesse absolument phénoménale à laquelle tout va, sauf mon cerveau. 

C’est marrant j’ai retrouvé un peu de tout ça dans le spectacle. 

Un peu de tout ça et tellement plus de choses qui me parlent, pour une fois je me reconnaissais, même pas besoin d’avoir écris le texte pour que ça parle de moi. 

Wah ça soulage, comme un câlin ! 

J’avais envie d’en faire à tout le monde après des câlins alors j’en ai fais un à mon ami, en m’exclamant à quel point j’adore le voir jouer, lui. 

Bon je dis même pas besoin d’écrire moi-même mais une fois mon désir de câlin assouvi j’avais qu’une envie c’était d’écrire. Sûrement parce que pour une fois c’était pas une histoire de personnes en situation de handicap écrite par une personne qui en à pas et qui te sors  » ah mais j’ai bossé des années dans le handicap « . 

Oui OK, mais nos visions du monde elles nous appartiennent et l’espace public comme intime tu le vois différemment selon où t’es placé. Sûrement aussi parce que le thème c’est pas le handicap en lui-même c’est le désir. C’est la deuxième fois que je vois un spectacle avec des comedien•e.s en situation de handicap et deux fois que je sors de là avec l’envie de crier ma joie au monde, cette joie d’avoir juste quelques minutes vécu dans un espace où , 

ça va à mon rythme, bordel !

Ian Pallier

Attraction est le résultat d’un travail partagé entre le Grain et le GEM Kéréon. Représentation au Maquis le vendredi 31 janvier 2025.

LETTRE PUBLIQUE D’APPEL POUR LA LIBERTÉ ASSOCIATIVE

Suite aux événements avec la préfecture du Finistère, les associations brestoises Ékoumène, Canal Ti Zef, Radio U et le Patronage Laïque Guérin ont rédigé une lettre ouverte concernant l’atteinte à la liberté associative. Le Maquis s’associe à leur démarche en étant signataire.

Formulaire pour signature au lien suivant : https://framaforms.org/signature-de-lappel-pour-la-liberte-associative-1709994272

Si vous souhaitez plus de renseignements : liberte.associative@protonmail.com

Atelier ÉCRITURE du 22/03/2024

Dans le cadre d’une pièce (dé)montée d’un Gueuletons du Maquis, Iris, en service civique a proposé et animé un atelier d’écriture sur le thème des rencontres. À l’heure où nous évoluons dans une société de consommation, où les biens et les personnes sont interchangeables, sommes-nous encore capables de rencontrer l’autre pour ce qu’il ou elle est ? D’écouter activement ce qui fait sa différence ? Et en même temps, comment se lier sans partage d’expériences communes et de reconnaissance de l’autre ?

Afin de tenter de répondre à ces questions, Iris a proposé un atelier en 3 parties aux participant·e·s.

Tout d’abord, était prévu un temps d’échange en binôme où chacun pouvait se poser toutes les questions qu’il et elles souhaitaient. « Qu’est-ce qui te révolte ? » « Comment ça fait à l’intérieur quand tu es amoureu·x·se ? » « Tu viens d’où ? »…

Après cet échange de 15 min, chacun·e était invité·e à écrire sur son binôme. L’idée était de décrire la personne que l’on venait de rencontrer avec une seule contrainte : ne pas le nommer par son prénom.

Pour aider à se lancer dans la rédaction, les participant·es pouvaient commencer leurs écrits en répondant individuellement à des questions comme : « À quel héros te fait penser ton binôme ? » ou bien « Si ton binôme était une couleur, laquelle, ce serait, pourquoi ? ».

Enfin, une fois la rédaction de chaque texte terminée, tout le monde a mis ses textes au milieu de la table et nous les avons lus en essayant de deviner collectivement de qui il s’agissait ! Ce fut un moment doux et joyeux. Il y a eu des surprises, des rencontres très fantaisistes (voire futuristes !) et des textes remplis de poésie.

En voici quelques-uns, bonne lecture !

FAIRe FLEURIR LES FEUILLES DU COEUR ARTICHAUD.

« Si mon binôme était un personnage de fiction, il évoluerait dans une comédie dramatique et romantique à la « Forest Gump ». Comme le héros il s’est confronté aux moqueries sur son physique à l’enfance, comme le héros il a traversé la planète pour se retrouver près du Machupichu et se prouver qu’il pouvait tout faire. Comme le héros, son cœur est d’artichaud : 1 amour, 2 amours, à quand le 3ème ? En attendant, des petits amours qui remplissent le cœur encore plus que les grandes amoureuses : 1 enfant, 2 enfants, et puis, c’était presque hier, une toute petite fille qui fait fleurir encore les feuilles du cœur artichaud. »

Dans un film de genre SPaTIO-Galactique…

Si mon binôme était un personnage de fiction il serait un personnage secondaire, trop humble pour prendre la place principale qui, comme on le sait, est occupée par une grande gueule qui a besoin de reconnaissance.

Cependant, ce serait grâce à lui que la mission se mènerait à bien. Dans un film de genre spatio-galactique par exemple, il aurait une connaissance avancée du peuple qui habite la planète Xenex. Il fait partie d’une société vorace qui attaque chaque système solaire pour pomper toutes les ressources naturelles de chaque planète. Il a été promu diplomate car il était brillant dans ses études spatio-galactiques. Malheureusement, il n’a pas su dire non à un poste prestigieux alors qu’il a des idéaux de paix style hippie des années 123 960’s. A quelques jours de l’assaut sur la planète Xenex, il pense encore pouvoir changer le système de l’intérieur, il a repéré d’autres membres de l’équipage qui ne sont pas alignés avec la ligne politique galactique.

Il pense pouvoir organiser une mutinerie…

Finalement, c’est peut-être lui le personnage principal.

Février 1988.

J’étais avec ma pote il faisait froid, c’était l’hiver. J’avais mon blouson rouge, je faisais un footing avec ma pote, ça faisait un moment qu’on bourlinguait dans le pays, en Palestine, et là, c’était la fin. On était retournées à Tel Aviv. On courrait sur la plage, le vent frappait mes joues. Il y avait beaucoup de militaires sur la plage. Israéliennes. Des femmes. Beaucoup de femmes militaires. En 1988, ça m’avait frappée, j’étais jeune. Avec ma pote, on avait tant visité. Pas comme les touristes. Plutôt comme des jeunes femmes avec une soif insatiable de vie. On est allées partout. Le Jourdoin, Partout. Partout on sent l’oppression israélienne. Je suis musulmane. Je me sens proche de la Palestine encore maintenant. L’injustice me dégoûte. Avec ma pote, on est allées sur le mur des lamentations, c’était une belle journée. C’est un mur juif. J’étais à l’aise. J’ai mis un mot sur le mur, j’ai souhaité la paix pour la Palestine sur le mur Juif. En redescendant les marches, on s’est fait gazer. On a sauté dans un bus pour échapper aux gazes. On est retournées à Tel Aviv, on a mangé. On a regardé les militaires Israéliennes. On a couru, encore.

J’ai beaucoup d’énergie, j’adore la sophrologie.

PFFFFffffffff……..

Depuis mon voyage, je fais des sittings, partout, déjà quand j’habitais en Belgique. J’emmenais mon fils. Il faut qu’on soit – ENSEMBLE –

Maintenant j’EMMÈNE ma petite fille à LIBERTÉ. Elle a 8 ans. Je lui donne un drapeau palestinien et un kefié autour du cou. Ce qui me dégoûte c’est l’injustice. Tous ces pays autour, musulmans, qui ne font rien.

UN VERT « POMME »

Si mon binôme était une couleur, ce serait un vert « pomme » je suppose. Je suis pas très doué en couleur mais il me semble que c’est un mélange de jaune et de bleu.

Jaune, pour le soleil méditerranéen, l’enfance heureuse des vacances ; les fêtes de l’adolescence sur la plage après les cours ; la joie d’être sur les planches et d’emporter tout le monde dans son délire.

Bleu, pour la nécessité d’être « adulte », admettre de voir la violence de sa ville natale avec lucidité, l’injonction de « vivre de son travail » qui en devient un rêve.

Le Bleu teint le Jaune, le présent est en surimpression avec le passé pour donner un vert « pomme » plein d’espoir et de solaire.

Le CôtÉ RÊVE D’ENFANT

A quel héros te fait penser ton binôme ? Pourquoi ?

A Peter Pan pour le côté rêve d’enfants et le désir cumulé de prendre son envol. Le film Neverland traitant de la jeunesse du personnage de Peter Pan, ainsi que la vie de son auteur est assez en accord avec l’échange de ce jour.

Elle vole dans sa tête, légère et enivrée,

Evitant les trous noirs de l’absurdité,

Rêvant d’ailleurs comme toute petite fée

Elle colle dans sa tête, légère mais structurée

Des wagons de rêves, des caravanes ailées

Rêvant d’un cocon où chacun a la clé

Elle garde dans sa tête, légère et excitée

Des projets plus grands qu’elle, telle la voie lactée

Rêvant de saltimbanques jamais épuisés.

Une ville futuriste avec des voitures autonomes

Si c’était un paysage : Ce serait une ville avec des immeubles auto-suffisant (son propre système de chauffage, climatisation, eau, nourriture, etc…). Mais aussi en constante évolution / changement. Une ville futuriste aux véhicules autonomes.

Une Prairie Verdoyante

Un paysage : J’imagine une prairie verdoyante, ensoleillée, où coule un ruisseau, entrecoupée de cascades (nommées impatience).

Personnage de film : double facette, métamorphose du personnage. Ouverture d’esprit. Impatiente mais tolérante. Ou vice versa.

Un Personnage de fiction : Blanche neige. Pourquoi ? Harmonie du visage, jovialité (dixit Joyeux !). Personnage de fiction évoluant dans un récit d’amour et d’aventure scottish. Style Outlander.

Je parle de moi et c’est politique

Apprendre le Maquis

Dire que le monde va mal c’est dire qu’il faut changer des choses et transformer un système producteur de violences sociales. Le dire avec des slogans ne suffit pas à convaincre les premièr.e.s concerné.e.s. Le dire avec des accents de morale nous confine entre convaincu.e.s.
Alors notre projet, c’est de prendre le Maquis collectivement.
D’apprendre le Maquis. D’accueillir celles et ceux qui ont des choses à dire, à affirmer de là où ils-elles sont, qui ont le désir de construire ensemble.
Notre projet c’est l’accueil : l’accueil des personnes, l’accueil des paroles, l’accueil des révoltes.
Notre projet est de fabriquer un courant contraire.
De fabriquer du ON, de la parole collective, des pièces de théâtre, des corps dansant, des chants qui résonnent, des lettres enflammées, des sorties fraternelles, de la Culture, de la poésie, de l’Amour.
Puissance du vivant pour changer les choses ».

LJ. Maquisard